Histoire du terrain (bâti) de Christian et Marie-Andrée FONTAINE, en ville de Ste-Suzanne.
Chronologie de 1750 à 2012.
Christian FONTAINE a mené une carrière d’enseignant. Il s’est toujours passionné pour la généalogie (membre du Cercle généalogique de Bourbon). Il a commencé par la généalogie familiale avant de s’intéresser à la généalogie « foncière ». Tout cela amène à une meilleure connaissance de l’histoire personnelle, communale et insulaire.
Il nous fait part de ses découvertes et nous indique comment il a procédé dans son travail de recherche. « J’ai commencé, nous dit-il, par l’étude de mon acte d’achat du terrain, puis me suis rendu à la Conservation des Hypothèques aux Impôts à Champ Fleuri à St-Denis pour obtenir les actes antérieurs. Un acte a été obtenu auprès des Archives d’Aix-en-Provence. J’ai également lu et relu des livres d’Histoire de la Réunion.
Ma maison n’est pas un monument historique, mais elle me permet de remonter dans la grande et petite Histoire de la Réunion et au-delà. Elle vit de ma présence et de celles de tous ceux qui m’ont précédé. Son histoire fait le lien entre les générations passées, présentes et à venir.»
Dpr974 ne saurait trop engager ses lecteurs à suivre Christian FONTAINE dans cette voie.
Année | Propriétaires | Evénements ou contexteà Bourbon ou Réunion |
1750 | Terrain appartenant à Louis PIVETEAU et Barbe CROSNIER.Louis est notaire royal.1642-1767 : régime de la Compagnie des Indes.
1767-1789 : période royale. |
Après le temps de la débrouillardise, (chasse, pêche, cueillette, petite culture et paillotes), l’esclavage se développe avec la culture du café1735 : 48% du café produit au quartier de Ste-Suzanne. |
1818 | François LEGUIDEC et Jeanne Louise PIVETEAU (fille de Barbe).Maison en bois probablement, mais les textes n’en donnent pas la description. | Les affranchissements se multi plient. Ex : Mélanie, Indienne de PIVETEAU est affranchie, car elle a eu des enfants avec Olivier NICOLE, fils de commerçants de Loire Inférieure. |
1827 | Société « RONTAUNAY-MALAVOIS ». Ce dernier est allié aux PIVETEAU. « Ste-Suzanne, dit un certain Abel HUGO, n’est ni ville, ni bourg, ni village. C’est une suite d’habitations entre deux ravines. » | Population de Bourbon : 79 000 habitants dont 2/3 d’esclaves).
1821-1828 : Ministère De Villèle, gendre de Mme Desbassyns. Gouverneur : CHEFFONTAINES |
1847 | Hippolyte FERY D’ESCLANDS et Jeanne B. de SIGOYER.Propriétaire et sucrier endetté, obligé de revendre . | Fécondation de la vanille par Albius.Crise économique et sociale. Endettement de certains propriétaires. |
1849 | Romelein DOMENGE (instituteur) marié à Pascaline SENAC.Coût de la maison : 1000 F.La maison sert peut-être d’école. | Abolition de l’esclavage en 1848. Analphabétisme important. Ecole payante réservée aux riches. |
1852 | François LAMARQUE (instituteur) et son épouse Marie Cécile TROVALET.Prix de la maison : 4 000 F. Les LAMARQUE empruntent de l’argent à Jean TRESARRICQ, mais ont du mal à rembourser. | L’engagisme se développe : en 1852, il y a déjà 24 500 engagés indiens à La Réunion. L’île compte alors 102 moulins à vapeur.Apparition de belles demeures sur l’île. Rôle important du gouverneur HUBERT-DELISLE. |
1865 | Jules AGATHE-ZELONIE, affranchi en 1846. Sait lire et écrire. Mécanicien. Achète un « emplacement dans le bourg, ainsi qu’un pavillon et des bâtiments situés dans le fond sur 10 m de largeur et 50 m de profondeur ».Ne pouvant rembourser ses dettes à Tresarricq, il lui donne sa maison (dation). | Crise économique de 1865 à 1880 : émeutes à St-Denis en 1868,8 morts, 40 blessés.« Conquête » des Plaines où l’on tente d’installer les « pauvres Blancs ».
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1883 | Jean TRESARRICQ, régisseur à Quartier Français chez Kervéguen, grand propriétaire terrien, surtout dans le Sud (30 000 ha).Maire de Ste-Suzanne en 1884. | Débuts du Chemin de fer (1882) et du Port de la Réunion (1886) Protectorat français sur Madagascar. |
1913 | Stanislas MALET et son épouse Anne Marie CLAVERIE. Percepteur de la commune.Sa femme est alliée à TRESARRICQ. | 1904 : séparation Eglise / Etat. 1914 : la guerre éclate : 1700 morts sur 13000 soldats.1919 : la grippe espagnole (20 000 morts environ, soit 1/10 . |
1932 | Marguerite de FONDAUMIERE, vendeuse des rhums, achète « un terrain bâti entièrement clos de murs ». | 1 000 abonnés au téléphone dont 10 à Ste-Suzanne. Guerre de 39-45. L’île souffre du blocus anglais. |
1953 | Vve Hermelin JEAN, née Rosina De FONDAUMIERE (sœur de Marguerite). Mari mort de la grippe espagnole en 19. Elle meurt à 95 ans en 1973.Maison remaniée après cyclone de 1961. | La Réunion département français depuis 46.250 000 habitants en 1950.Cyclone Jenny en 1961. |
1974 | M-A. et Christian FONTAINE (Instituteur).Maison rénovée en 1980. | Disparition des paillotes et maisons en bois à Ste-Suzanne. |
Rénovation de la charpente en 1980 par Mr Mantaux
1e remarque : La maison prend sa forme actuelle dans les années 1980. Aux dires de Sœur Pierre de la Congrégation religieuse de Cluny qui avait connu la maison dans les années 50, « la maison a retrouvé son air d’antan », c’est-à-dire qu’on peut penser qu’elle avait cet aspect au tout début du 20e siècle.. De nombreuses maisons à Ste-Suzanne étaient alors à étage et construites en bois avant qu’elles ne disparaissent dans le années 60.
2e remarque : Il est bon de savoir qu’une maison change de main tous les trente ans. Les héritiers n’ont pas toujours les moyens d’entretenir les maisons en bois qui affrontent les intempéries et les termites qui infestent presque toute l’île.
Christian FONTAINE
Un propos personnel et intéressant car bien articulé à l’histoire de notre île.
Christian,
A la lecture de ton document sur la réfection de ta maison de Ste Suzanne, je suis heureuse pour toi que tu aies pu réaliser ce que par deux fois je n’ai pas pu faire.
Nous n’avons pas pu aider notre mère, alors seule à nous élever, à réparer notre belle case créole de la rue Ste Anne car nous étions encore jeunes et donc sans métier. Elle a du la vendre. J’en rêve encore de temps en temps. Mais c’est du passé.
Mais actuellement c’est notre case située à ste Clotilde qui se retrouve étouffée par le béton qui pousse autour de nous beaucoup plus vite que les champignons, avec des yeux qui nous regardent de partout jusqu’à une hauteur de 36 mètres. Aucun de nos recours n’a été entendu. Nous y vivons toujours avec toutes les nuisances, sonores et respiratoires qui sont autant de gifles à notre fin de vie.
Pour ceux qui connaissaient le chemin Tessan, tout proche de notre lieu d’habitation, et qui n’y sont pas passés depuis quelque temps, attention à la crise cardiaque. Tous les beaux jardins et les petites cases créoles ont disparu.Tout le quartier a été labouré en profondeur et bétonné sans merci. A quand des matériaux plus appropriés aux températures de notre île qui éviteraient la climatisation mangeuse d’électricité et répandant dans l’air gaz nocifs et ronflements incessants, de jour comme de nuit?
Huguette Payet.
Vous avez bien raison de défendre votre patrimoine car, hélas, toutes les villes, tous les villages finissent par se ressembler et perdre leur identité, tout comme les habitants formatés par une bien mauvaise TV…!
Anne Brugirard, Atelier Montfollet, Grenoble
Je suis tombée vraiment par hasard sur l’histoire de votre maison ! Et j’ai été très surprise de constater que les personnes que vous citez ( les premiers propriétaires en 1750 et en1818 ) se trouvent être mes ancêtres. C’est beaucoup d ‘émotion, pour moi , qui suis à la recherche de leur histoire.. Merci à vous de les avoir mis en ligne .