Inspirés des décors en fonte de fer ou en bois découpés alors à la mode dans les villes de villégiature européennes, les lambrequins font leur apparition dans l’île fin du 19ème siècle – début du 20ème siècle. Il est devenu au fil du temps un élément original de l’architecture réunionnaise.
Définition
Le lambrequin, « lambroquin » ou encore « dentelle la case » est un ornement découpé et souvent ajouré, en bois, en tôle ou aujourd’hui en plastique, apparaissant en bordure des toits et des auvents et à l’entrée des varangues. C’est souvent par la présence de ces frises décoratives que l’on désigne hâtivement la case traditionnelle.
Un style européen
Déjà au Moyen âge, les lambrequins désignaient des lambeaux d’étoffes (motif ornemental) stylisés attachés au casque du combattant médiéval. Il devient à partir de la Renaissance un élément très décoratif.
Au 19ème siècle, le lambrequin trouve sa place en bordure de toit des maisons. Plus élaboré en architecture, il conserve sa fonction décorative et devient à la mode en Europe, puis partout dans le monde. En France, en Autriche, en Espagne, en Inde, entre autres, de nombreuses cases se voient décorées de ces frises dont les formes s’inspirent du végétal, du style art déco ou de l’architecture victorienne.
Le lambrequin à la Réunion : fruit des artisans locaux
A la fin du 19ème siècle, mais plus probablement encore dans la première moitié du 20ème siècle, le style « lambrequins » se propage également sur l’île Bourbon. On en trouve encore aujourd’hui sur les petites et grandes cases traditionnelles.
Tout naturellement, c’est par la mer que les premiers lambrequins arrivent à la Réunion (aucun autre moyen de transport n’existait !). Toutefois, contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas les charpentiers de marine qui les ont fabriqués et introduits dans l’architecture réunionnaise. Cet amalgame provient certainement de la supposée présence du décor sur les varangues des navires.
En réalité, ce sont les artisans locaux (ferblantiers et menuisiers), qui grâce à leur savoir faire et leur abondante créativité, vont développer un riche répertoire de lambrequins sur l’île. Ils deviendront ainsi un élément significatif de l’architecture réunionnaise.
Fonction décorative et utilitaire
Contribuant à introduire une note de fantaisie dans les maisons créoles, les lambrequins dessinent sur la façade des ombres dont la forme évolue avec l’inclinaison du soleil. Leur réalisation suit la fantaisie des artisans et les exigences du propriétaire : plus riches sur le devant des maisons, ils sont souvent plus modestes sur les côtés. La beauté et la finesse de l’ouvrage reflétaient à l’époque la fortune et le rang du propriétaire. Joindre l’utile à l’agréable, cette notion s’applique aussi à ce décor : lorsqu’il n’y a pas de vent, les lambrequins servent à canaliser l’eau de pluie afin de protéger la façade de l´humidité. Ils jouent en quelque sorte le rôle des gouttières actuelles.
Une tradition qui perdure et évolue
Les évolutions technologiques (pose de vitrages extérieurs ou de volets roulants) en ont fait disparaître un certain nombre, mais beaucoup sont encore en place. Aujourd’hui, les lambrequins sont encore fabriqués par une poignée d’artisans. Si les formes sont restés les mêmes, les modes de fabrication ont complètement changé : la scie sauteuse a remplacé les outils traditionnels, le bois et la tôle ont laissé place au PVC, plus facile d’entretien.
Pour autant, les Réunionnais restent très attachés à ce décor traditionnel. Beaucoup d’entre eux choisissent d’habiller leur maison de lambrequins. Une manière, selon eux, de faire revivre les cases lontan.
Le Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement est gratuitement à votre disposition pour vous informer. Pour prendre rendez-vous avec l’un de ses architectes-conseillers, téléphonez au 0262 21.60.86.
Avec les remerciements de DPR974 au CAUE ( http://www.caue974.com/ )
Merci pour cet article : travaillant sur la fonte ornementale, nous ne pouvons que regarder ces lambrequins : en Europe, ils pouvaient aussi être dans toutes les matières ; en métal, nous avons du mal à les différencier : fonte, métal découpé : c’est souvent la complexité qui fait la différence car en moulage de fonte (au XIXe siècle) on peut en rajouter » ; en découpe, on va au plus simple.
Je suppose qu’à la Réunion, la fonte doit être rare, mais on ne sait jamais : si vous la trouvez…
Merci pour ce blog et ces infos toujours intéressantes
Bonjour,
juste une petite précision dans votre sympathique article, si il est vrai que le pvc a fait son apparition et que l’on trouve des modèles standardisés en tôle ou en alu, les matériaux traditionnels sont toujours présents. Nous continuons à découper la tôle, le zinc ou le cuivre à la manière de nos pères et grand pères, à la cisaille à main, au ciseau à bois et autre emporte-pièces.. Heureusement pour nous que les gens de bon goût sont toujours présents et que leurs exigences font toujours appel à la fantaisie et au savoir-faire. Souvent pour créer des motifs uniques, qui comme au 19e siècle, donnent un cachet et une note personnelle à leurs cases, dans la plus pure tradition. Cordialement
Bonjour. Bel article! merci
Mon papa, Serge Sida, profondément passionné d’art et de lambrequins, a parcouru les rues des villes réunionnaises fin des années 70, début 80 avec pour objectif de photographier et de recencer la diversités et l’unicité des modèles ce lambrequins fabriqués sur notre île.
Gamin, je l’accompagnais régulièrement dans ses aventures, et il n’était pas rare de le voir arrêter notre voiture à l’improviste en passant devant un modèle qui lui tapait à l’oeil…
Un ouvrage, regroupant une centaines de clichés, a alors été édité début 90 en lien avec tony manglou (s’octroyant au passage l’oeuvre de mon père…).
Serge révait de faire connaître ce subtil patrimoine créole commun, dont il constatait jour après jour la disparition de nos paysages….
Enseignant de profession, il avait même dédié certaines de ces nombreuses activités périscolaires artistiques à la fabrication de lambrequins par ses élèves.
Aujourd’hui, Serge n’est plus, et je recherche coûte que coûte cet ouvrage dans ces affaires, sur lequel figure assurément des modèles ayant disparu de nos façades et pire, de nos archives.
Si cela vous intéresse et pour peu que je remette la main dessus, je peux vous en faire part.
Christophe
Si sur ce sujet d’autres informations arrivent n’hésitez pas à nous en faire part. Je reste toujours à la recherche d’utilisation du zinc dans les décors des maisons.