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Archive for the ‘Maurice’ Category


Parmi « Les Introuvables de l’Océan Indien »

 

En 1887 La Réunion reçevait la visite d’un être un peu mystérieux, un dénommé Pooka, collaborateur du Journal de Maurice. Derrière ce nom d’emprunt se cachait en fait Alphonse Gaud, un tout jeune franco-mauricien (Il n’avait alors que 24 ans) qui entamait un séjour de six mois dans notre île. Ses articles envoyés à son journal, à Port-louis, seront rassemblés par la suite en un recueil intitulé : «  Choses de Bourbon. » et signé de son pseudonyme. Ce nom, Pooka, il ne l’a pas choisi par hasard. Il renvoie au « Puck, sorte de Farfadet, de lutin malin, espiègle et un tantinet rebelle qui joue des tours aux voyageurs, se transforme sans cesse et effraie les jeunes filles » (C.f Wikipédia)) …

Que Pooka soit espiègle et doué d’humour, il suffit de lire ses écrits pour s’en convaincre : dans une préface aux « Choses de Bourbon », préface qui n’en est pas une, (Pooka dixit), il parle en ces termes de son portrait réalisé par son ami Boucherat, reproduit en première de couverture : « J’informe mes nombreux lecteurs et mes plus nombreuses lectrices que la ressemblance est frappante, sauf sur un point de détail : l’original est plus beau que le portrait, tout embelli que soit le portrait ».

Portrait de Pooka (1ère de couverture)

Pooka, loin d’effrayer les jeunes filles comme le ferait un Puck, cherche la proximité de la gent féminine et étudie de près ce qui fait le charme des jeunes Bourbonnaises. La description scientifique ou plutôt lyrique commence ainsi : «  Svelte et fine, avec une grâce balancée dans la marche, une grâce faite de nonchalance et de précoce lassitude et qui se berce elle-même comme une onde mouvante en un rythme cadencé, sans cesse renaissant… » Le lecteur intéressé par la merveille en question se reportera avantageusement aux pages 159-160 du livre. Pooka prend cependant bien soin de ne pas déplaire à ses compatriotes mauriciennes et se garde de trancher en faveur des unes ou des autres pour ne pas s’aliéner leur bienveillance.

Ce serait cependant un peu court de ne voir en lui qu’un amuseur, qu’un plaisantin, qu’un être superficiel : il est également journaliste, conseiller privé du gouverneur John Pope Hennessy et veut connaître l’île Bourbon et ses habitants, leurs mœurs, leur vie politique et littéraire, leur situation économique. Pour lui les deux grandes Mascareignes sont réellement des îles sœurs (2) et il s’efforcera, au fil de ses écrits, de comparer les deux îles, fera valoir en quoi l’une est supérieure à l’autre et vice-versa et ce que l’une peut en conséquence emprunter à l’autre.

L’auteur s’intéresse également à la vie éducative et littéraire de La Réunion. Il aime les auteurs réunionnais Lacaussade et Leconte de Lisle, fait une place à la chanson créole, cite in extenso la « Çanson pa Félis» ou « Nounoutte à cause», tente une analyse comparée du « patois » de La Réunion et de celui de l’île Maurice qui ferait aujourd’hui sourire les linguistes d’ici ou d’ailleurs…

Il se préoccupe sérieusement des questions éducatives jusqu’à assister à de multiples distributions des prix (dont une nous aurait bien suffi) et il rend compte des discours officiels et du comportement des lauréats et de leurs familles…À plusieurs reprises il rend hommage aux congrégations qui se dévouent à la chose éducative et plaide leur cause à une époque où, à La Réunion, les lois laïques commencent à entrer dans la réalité.  « Les Frères ont plusieurs établissements à La Réunion. Ils sont généralement très florissants. Échapperont-ils cependant à la haine des briseurs de crucifix et des crocheteurs de couvents ? That is the question…Le gouvernement de la métropole qui n’admet peut-être pas même l’existence de la déesse Raison, avait adopté cette loi attentatoire aux vœux de trente millions de catholiques, et le Conseil Général de Saint-Denis a cru devoir marcher sur les traces des républicains de France. Aujourd’hui les Frères ne sont plus que tolérés…Un jour ou l’autre les instituteurs religieux recevront leur congé. » (P.54)Il tombe sous le sens que Pooka verrait d’un bon œil leur venue à Maurice. Il souhaite de toute façon que l’éducation se développe dans son île, propose d’y créer un Collège supplémentaire et plaide en faveur de l’éducation des jeunes filles, qui a, selon lui, un temps de retard à Maurice par rapport à La Réunion.

Dans son désir de mieux comprendre le fonctionnement, économique et politique de la Réunion, il assiste à une séance du Conseil Général où le Gouverneur Richaud fait des propositions concernant une méthode plus rationnelle de création ou de suppression de postes, afin de tenir le moins de compte possible des amitiés ou des liens de parenté de chacun. Ce qu’il approuve. De même il applaudit des deux mains quand le gouverneur plaide pour la diversification des cultures et la modernisation des techniques (emploi plus fréquent de la charrue) ; il verrait avec intérêt le développement de cette politique dans son île natale. Mais il ne se contente pas de discours, il va sur le terrain afin de visiter Sucreries, distilleries et même une féculerie. Si les Sucreries mauriciennes sont plus modernes que les réunionnaises, à l’exception de deux d’entre elles qui peuvent soutenir la comparaison, il fait l’éloge de la féculerie du Colosse et de ses produits. Emporté par l’enthousiasme, il déclare au propriétaire de l’usine « J’aurais préféré voir votre féculerie s’élever dans mon pays, plutôt que dans le vôtre. Mais en attendant qu’il s’en élève une, il faut bien que je dise la vérité : vos produits sont admirables et je ne manquerai pas de le déclarer tout haut à Maurice. » Là-dessus Le propriétaire de l’usine lui donne un sac de tapioca et lui indique la manière idéale de le préparer : « J’ai suivi le conseil. À Bourbon et à Maurice, j’ai goûté du tapioca du Colosse : il est délicieux et je le recommande à mes compatriotes.…Et pour terminer, puisque nous n’avons pas ici de féculerie, montrons-nous bons frères, et donnons la préférence aux produits de l’île-Sœur. M.Rouzaud (le propriétaire) sera content, et moi aussi, car la prochaine fois que j’irai à Bourbon, il me donnera un autre sac de tapioca pour me remercier d’avoir dit de sa marchandise tout le bien qu’elle mérite. » 

La vision politique de Pooka

De temps en temps, Pooka, le lutin, laisse percer plus que le bout de l’oreille et se lance dans des prises de position qu’en Réunionnais du 21ème siècle nous avons, pour le moins, du mal à suivre : on ne peut passer sous silence son jugement définitif sur le suffrage universel, « arme terrible » dans les mains des gens du peuple ; il ne cache pas non plus son aversion pour les lois laïques. Son opinion à l’égard des Indiens du Goudjérat et des Chinois n’est pas exempte de xénophobie, sentiment partagé naguère par nombre de Réunionnais aisés qui se sentaient en concurrence avec eux…

Il nous faut enfin faire une place spéciale au dernier chapitre du recueil où il parle, à mots à peine couverts (3), de l’aspiration des Mauriciens et de la sienne propre : « Nous avez-vous entendus, Bourbonnais, pousser ce cri du plus profond du cœur : Maurice aux Mauriciens ! Ce cri résume toutes nos souffrances. »Il semble assez évident, à la lecture du contexte, qu’il rêve d’un avenir où les Mauriciens de son origine et de sa culture dirigeraient le pays… l’avenir qui s’est rapidement mué en passé, en a décidé autrement.

Par contre le cri de certains Réunionnais qui réclament parfois : La Réunion aux Bourbonnais ! lui paraît être une erreur impardonnable et il avance les arguments suivants : « Vous avez une mère qui vous protège et vous aime et vous ouvre tout grand ses bras. Sous le soleil de votre pays, la place vous est large ; vous trouvez des postes lucratifs et honorables ; ailleurs, sur toute l’étendue du territoire français, vous êtes accueillis comme des frères. »…Il y aurait dans ce qui précède matière à réflexion sur l’évolution de nos îles-Sœurs au cours du 20ème siècle et leur situation d’aujourd’hui !

En manière de conclusion

On quitte, comme à regret, ce recueil de chroniques qui nous éclairent sur nos îles à la fin du 19ème siècle. D’une part parce qu’elles sont alertes, vivantes, souvent spirituelles et fort bien écrites. Qu’on se remémore en particulier certaines séquences concernant le débarquement agité au pont du Barachois, la rencontre en fanfare de la jeunesse dorée au Jardin Colonial, la découverte enthousiaste du Bernica (4), l’ascension du Piton des Neiges où après avoir souffert le martyre, l’auteur domine un panorama à couper le souffle.

 

Qu’en est-il advenu aujourd’hui?

 

Et puis qu’il est bon, de temps à autre, de redécouvrir son pays, son île, avec le regard neuf du visiteur, surtout quand celui-ci est enthousiaste…Car même quand Pooka jette un regard critique sur La Réunion, c’est un regard amical : il nous dit nos vérités, mais il y va de notre intérêt bien compris : si l’on ne rénove pas la station thermale d’Hell-bourg en 1888, on risque fort la désaffection des touristes dont de nombreux Mauriciens.

Pooka compare souvent nos deux îles et met en avant le fait que Maurice dispose de davantage de possibilités économiques que La Réunion, mais il regrette que la course en avant vers le profit n’ait pas été sans conséquence sur la mentalité mauricienne. « L’intérêt matériel a tout dominé » déplore–t -il… Il trace de La Réunion un portrait idyllique, fait de cordialité, de fraternité, d’hospitalité. Il nous semble dans cette affaire bien dur à l’égard des Mauriciens et l’on peut, par contre, se demander s’il ne nourrit pas quelques illusions sur les Réunionnais…

Alphonse Gaud dit Pooka (1864-1896) est mort bien jeune. C’était un journaliste, un écrivain plein de promesses. En refermant son livre on a quelque part le sentiment d’avoir perdu un ami.

 

Robert Gauvin.

 

Notes :

  • Nous sommes particulièrement redevables au dynamisme du Président de l’Académie de La Réunion A-M. Vauthier et aux Éditions Orphie de la réédition de cet ouvrage rarissime, précieux pour la connaissance de la société réunionnaise à la fin du 19ème siècle.
  • L’on est bien loin du style dithyrambique de Marius et Ary Leblond qui dans « Les Îles Sœurs ou Le Paradis retrouvé »  n’arrêtent pas d’employer superlatifs, hyperboles et comparaisons avec la Grèce antique.
  • Pooka n’est pas tout à fait libre d’exprimer sa pensée, étant donné qu’il est Conseiller privé du Gouverneur anglais de Maurice, Sir John Pope Hennessy. Ah, le fameux devoir de réserve !
  • Pooka affirme que ce site est « une merveille de la nature ». D’autres artistes ont également magnifié le Bernica ; qu’on pense aux écrivains George Sand (dans Indiana) et Leconte de Lisle (dans ses « Poèmes Barbares »), ou encore au peintre Ménardeau dont un tableau orne la Salle des mariages de l’hôtel de ville de Saint-Denis. Où donc est passé le Bernica ? Qu’est-il advenu de lui ?

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N.B de DPR974

Voir l’île Maurice souffrir de la saleté et de la pollution ne saurait nous réjouir…Nous n’avons pas non plus de leçon à donner : il suffit de parcourir notre île et d’ouvrir les yeux pour se rendre compte que nous subissons le même mal.

Ainsi, malgré la sensibilisation qui se fait au niveau scolaire, malgré les opérations fortement médiatisées de nettoyage des plages et autres sites, le mal perdure. En dépit de l’organisation du tri sélectif, du ramassage des ordures organisé par les collectivités, les dépôts sauvages fleurissent de plus belle.

Que faire alors ? « Répertorier et dénoncer les dépôts sauvages » comme le fait depuis quelque temps le site www.bandcochon.re est assurément quelque chose d’utile : des citoyens conscients signalent au réseau social les sites pollués et cela finit par émouvoir les décideurs  dont certains s’efforcent de nettoyer les sites souillés.

Assurément l’éducation est la base sur laquelle on doit prendre appui pour changer les mentalités et les comportements, mais si des individus irrespectueux de l’environnement tardent à comprendre, il devient nécessaire de sanctionner les contrevenants, tant il est vrai que «  la crainte du gendarme est le commencement de la sagesse ».

Tous nos remerciements vont à nos amis mauriciens de www.mauricederrierelacartepostale.blogspot.com pour l’autorisation de reproduire l’article ci-dessous intitulé «  Le Pouce devant-derrière ».

LE POUCE: l’une des montagnes emblématiques de Maurice.

Côté face, la carte postale, l’ile intacte.

Côté pile, le vrai visage de l’ile, défigurée un peu plus jour après jour par les Mauriciens inconscients de 2013. 



LE POUCE: COTE PILE
 Le Pouce vu de Valory
LE POUCE: COTE FACE 
Le Pouce, au fond à droite, 
vu de la Grande Rivière Nord-Ouest
APPROCHONS NOUS:
Berge de rivière
Dans la rivière
Canal pollué
Le long de la ravine
Insensibles à la beauté de leur pays, les Mauriciens jettent leurs détritus n’importe où, polluent les sols, les rivières, abîment les paysages, détruisent leur pays. Maurice ne compte pas.
 
Combien de temps faudra-t-il pour que les deux photos n’en fassent plus qu’une, avant que la pollution n’envahisse toute l’ile? 

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Ce qui se passe à l’île Maurice ne saurait laisser indifférent un Réunionnais un tant soit  peu sensible et conscient : nos deux îles ne sont-elles pas sœurs par l’histoire? Les relations sportives, culturelles, humaines, touristiques sont multiples et anciennes. Pour beaucoup d’entre nous, l’île Maurice a été la première étape d’une échappée belle sur les pays – dehors. Nous avons été marqués à vie par notre prise de conscience de deux mondes si proches, si  ressemblants et pourtant si différents.

Chacun de nous se souvient d’être tombé sous le charme des paysages mauriciens, d’avoir apprécié l’hospitalité de nos voisins, mais déjà, avant même d’arriver à l’île-soeur, la carte de Maurice nous faisait rêver avec ses noms évocateurs, Trou aux Biches, Poudre d’or, Gris-gris, Bel Ombre, Bois Chéri, Flic en Flac et tant d’autres.

À  peine avions nous débarqué que les moindres détails nous frappaient l’esprit tant  les choses étaient différentes de chez nous : tortues  en quasi liberté de l’île aux cerfs, nénuphars géants du Jardin des Pamplemousses, nombreux îlots qui à La Réunion nous manquaient.

Nous surprenait  aussi l’attitude décomplexée des Mauriciens à l’égard des langues, anglais et français, langues indiennes, chinoise, Bhojpuri et créole (1). Personnellement je lisais avec gourmandise la presse en français. Je me perdais avec bonheur dans les petites annonces entre les arpents et les perches que je renonçai rapidement à convertir. Les articles étaient en outre truffés de passés prétendument simples (!) dont le côté suranné me ravissait.

Mais le plaisir n’était pas toujours sans partage. Il me souvient, aujourd’hui encore, de ma déception de créolophone de ne pas comprendre immédiatement le créole mauricien et de mon bonheur décuplé, quand, après bien des efforts, j’ai enfin saisi, comme par magie, l’essentiel du créole mauricien.

Comme beaucoup de  Réunionnais je me laissais emporter par le rythme de la musique mauricienne: qui n’a en mémoire les ségas plein d’humour de Serge Lebrasse :

« Samdi passé mon grand-manman,

té pou fér dansé dann son lakaz…

Lhèr ki rantré santi lotion,

lhèr ki sorti santi jak mir ! »

ou encore la soirée passée sur la plage autour d’un feu de camp avec ravanes, maravanes et triangle et Ti-frèr, entonnant  « Anita resté dormi do mo piti… » ou expliquant « koman la kolèr pran moi » devant « Roséda»  dont le comportement était loin d’être raisonnable…(2)

Maurice c’était aussi ses  cases créoles, aux toitures de bardeaux noirs, ses haies de petits bambous derrière lesquelles ces coquettes faisaient semblant de se cacher ou les Bâtiments imposants de la Compagnie des Indes, témoins de l’importance de « l’étoile et de la clé de la mer indienne » (3).

l’hôtel du Gouvernement tel qu’il était naguère…

l’hôtel du Gouvernement tel qu’il était naguère…

 

Tout ce qui précède tend uniquement à montrer que l’auteur de ces lignes a longuement fréquenté l’île Maurice et que ce qui le motive c’est sa tendresse pour un pays qui lui a accordé en retour bien des jours de bonheur. Chez lui aucun désir de dénigrer  systématiquement. Aucune

«  sombre Envie,  à l’œil timide et louche

versant sur les lauriers les poisons de sa bouche …»

Comme aurait dit Voltaire…

Ce qui le motive c’est la perte de ce trésor, le deuil qu’il commence à porter d’un pays aimé, trop tôt disparu (4). Vous ne me croyez pas ? Reportez-vous au blog « mauricederrierelacartepostale ». Regardez ce qu’il advient de l’environnement  naturel : magnifiques allées d’arbres éradiquées,  rivières comblées, espaces naturels protégés transformés en ghettos pour riches étrangers, nombreux sites pollués. Il suffit pour s’en convaincre de consulter l’article du blog: « Le Pouce, devant-derrière ! ».

 

Voici comment on procède avec la nature mauricienne…

Voici comment on procède avec la nature mauricienne…

 

Le Patrimoine architectural n’est pas logé à meilleure enseigne cf. sur le site de « mauricederrierelacartepostale » l’article fort documenté, intitulé « VIE ET MORT DE L’HOTEL DU  GOUVERNEMENT (1736-2010) ».  On ne respecte ni l’esthétique ni l’histoire (5). L’architecture authentique  est détruite, remplacée par des constructions sans âme. Ailleurs, pour des « raisons religieuses » on a détruit les statues gigantesques de Bahmian… À Maurice comme à La Réunion ce sont  les adeptes de la religion du Fric qui sont aux avants postes et la motivation – quels que soient les prétextes avancés – est toujours l’appât du gain.  Que certains spéculateurs sans conscience procèdent ainsi ne saurait étonner, mais que penser des décideurs culturels et politiques  qui sont chargés de défendre le Bien Public et qui seront, à juste titre, tenus pour responsables devant l’Histoire de tous ces errements.

Robert Gauvin

-1 Chez nous le français était sacralisé et le créole, langue maternelle, restait à la porte de l’église et hors de la classe dans les lycées et gare aux foudres du professeur si un créolisme ( !) vous échappait !

-2 Ces références culturelles ne sont pas d’aujourd’hui et révèlent que la jeunesse de l’auteur a pris quelques rides. Le talent des artistes cités est cependant toujours connu et admiré.

– 3 C’est la traduction de la devise en latin  de l’île Maurice : Stella clavisque maris indici.

-4 Ce sentiment commence à être partagé par bien des connaisseurs de l’île Maurice : c’est ainsi que dans le n° de GÉO d’août 2013 un auteur de renom, d’origine mauricienne, Tatiana de Rosnay dit à propos de Maurice : «  Je suis attirée par les pays où le melting-pot est fort. C’est aussi le cas de l’île Maurice, où sont nés mon père, grand-père et arrière-grand-père. J’y suis allée enfant, les plages étaient alors vierges. Grand Baie est aujourd’hui devenue un énorme centre touristique, Maurice a perdu son âme. »

– 5 Ce bâtiment aurait du être traité selon les principes de la conservation-restauration définis par la Charte de Venise : «  la conservation-restauration contribue à la sauvegarde et à la connaissance des biens culturels au bénéfice des générations présentes et futures, dans le respect de leurs significations historique et esthétique, de leur intégrité physique, de leurs contextes et de leur usage social ».

-6 Merci à « mauricederrierelacartepostale »pour les deux illustrations.

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 AVANT: VRAI VERT
APRES: FAUX VERT

Sur une superficie plus grande que Monaco, on va construire, construire, et encore construire.

QUOI?

– Un golf: encore un!
– Des « viLLLas »: beaucoup.
– Des appartements: énormément.
– Et un hôtel, bien sûr. On en manquait.
Le tout en béton, dans un style international loin des codes mauriciens de l’architecture, avec les mêmes meubles en plastique « tendance » interchangeables partout dans le monde

OÙ?

– A Mont Choisy, juste en face de la plage. Et sur plus de 2 KILOMETRES de long.
– A la place d’une forêt centenaire, la dernière du littoral nord de l’ile Maurice.
– Dans le cadre tranquille et préservé d’une propriété agricole du XIXe siècle.

POUR QUI?

Pour des non-mauriciens.
Seuls des étrangers vont acheter ces logements.
La seule raison d’être de ce « développement » est le profit.
Pas le respect de Maurice.
Le terrain, théoriquement inconstructible, sera sacrifié à l’autel du béton et de l’argent.

Comme d’habitude depuis la création des IRS en 2006:
Qu’importe qu’un terrain soit agricole, forestier, côtier: il ne le restera pas, on y construira.
Qu’importe s’ il n’y a pas de plage mais de la mangrove: on l’arrache et construit une plage artificielle.
Qu’importe si les paysages mauriciens séculaires disparaissent les uns après les autres: les comptes en banques de quelques uns et l’aveuglement de tous valent plus que ces considérations surannées.
A Maurice, il n’y a pas de forêt, pas de plage, pas de champs: il y a des « projets ».
A Maurice, tout ce qui est vert et naturel devient bétonné, puis aménagé par des paysagistes afin de transformer pour toujours cette île qui doit désormais répondre aux critères internationaux de ce que doit être une ile tropicale.

En attendant, Maurice n’est plus Maurice !

Nous remercions nos amis du site mauricien :Maurice, derrière la carte postale
Appel à tous les lecteurs de dpr974:
Nous suggérons à tous nos lecteurs de cliquer sur le site que voici : « Maurice, derrière la carte postale » et de manifester par leurs commentaires
leur solidarité à nos amis Mauriciens qui défendent le patrimoine naturel et culturel de notre île-soeur.
DPR974.

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Chacun de nous a en mémoire les tragiques événements de Port-Louis envahi par les eaux, au cours desquels onze personnes ont perdu la vie…

L’émotion fut très grande et elle perdure, mais l’heure est maintenant à la réflexion, à la recherche des causes  de cette catastrophe et  aux responsabilités. Les décideurs ont vite fait d’invoquer le changement climatique ou la fatalité. Le blog de notre correspondant mauricien « Maurice, derrière la carte postale » démontre que les raisons auxquelles on a recours ne résistent pas à l’analyse, que  la fatalité que l’on invoque sans pudeur, sert essentiellement à détourner l’attention de la responsabilité des hommes et en particulier des grands décideurs.

Cette catastrophe chez nos voisins et amis, doit nous servir de leçon, à nous Réunionnais. Sommes-nous irréprochables en matière d’environnement ? Ne comble-t-on pas dans notre île des ravines avec des déblais pour agrandir son pré carré ? (Cf. le scandale du grand Hazier, article du 8 avril 2013) Ne construit-on pas allègrement dans des zones à risques ? Que faisons-nous contre ce projet  aberrant de la nouvelle route du littoral qui nous mènera droit à la catastrophe, humaine, environnementale et financière ? Il est grand temps, pour nous Réunionnais, de changer de comportement (1), de respecter notre patrimoine naturel et d’empêcher que l’irréparable ne soit commis.

(1) Les municipalités, les collectivités générale et régionale, l’État remplissent-ils leurs devoirs dans ce domaine ?

 DPR974

 

Le Passage reliant les buildings de la Place d’Armes au centre commercial du Caudan. 
Le passage de la mort.
 

Alors que 11 personnes sont mortes et que la capitale mauricienne a été ravagée par des torrents d’eau boueuse, l’heure est à la peine et à la colère.

Cela ne nous empêche pas de penser.
Les Mauriciens savent que les « inondations » du 30 mars 2013 n’en sont pas. Il ne s’agit pas d’un phénomène naturel, mais
– d’une part, de l’absence de politique urbanistique et architecturale de la part de l’état mauricien et
– d’autre part, de l’incivisme des Mauriciens, qui font ce qu’ils veulent, où ils veulent, comme ils veulent.
Port Louis, chef-lieu de l’ile Maurice depuis trois siècles, situé au pied d’un cirque de montagne, dans une ile au climat sub-tropical très arrosée de janvier à mars et sujette à des cyclones violents tous les 15-20 ans, fut parfaitement conçu et aménagé à l’époque coloniale pour contrer ces phénomènes. Les gouvernements coloniaux successifs firent construire des drains et caniveaux en pierre de taille le long de chaque maison de chaque rue de la ville. Les rivières et ruisseaux furent aménagés, toujours en pierre taillée au cordeau, jusqu’à la mer. Les bâtiments eux mêmes devaient répondre à des normes architecturales précises, toitures en pente, gouttières, varangues protégeant les façades, perrons en pierre surélevant et protégeant  les habitations.
Et puis…
Trois siècles plus tard, alors qu’une machine accomplit en une heure ce que cent hommes réalisaient jadis en un jour, les dirigeants de cette ile et sa population s’acharnent à:
– 1/ détruire le travail des 250 années précédentes
– 2/ faire le plus de dégâts possibles sur le plan visuel et environnemental.
La plupart des victimes, 6, ne sont pas mortes n’importe où, mais dans l’une des infrastructures les plus modernes et neuves de la ville, le passage qui relie la Place d’Armes au Caudan, les deux endroits les plus fréquentés de la ville.
Alors, que s’est-il passé?
La réponse ne date pas du 30 mars, mais de bien avant:
– L’état laisse tout le monde faire ce qu’il veut en matière architecturale et urbanistique.
– La population en profite pour construire et aménager n’importe quoi, n’importe où.
– Pollueur devant l’éternel, le Mauricien jette là où c’est le plus facile: sacs en plastique, bouteilles en plastique, réfrigérateurs, carcasse d’animal, tout ce qui l’ encombre.
– Et puis, certains Mauriciens volent les pierres de taille des ouvrages anciens: pierres des ponts, pierres des caniveaux, pierres des ruisseaux aménagés qui sont ensuite vendues à des amateurs qui ne se posent pas de question, hôtels, entreprises ou particuliers. Les aménagements nécessaires des siècles passés sont fragilisés ou rendu inefficaces, sans compter le dommage fait à notre patrimoine.
– Pour couronner le tout, en ce moment même, l’état fait construire une file additionnelle à la voie rapide qui tranche la ville en deux. Celle-ci enjambe plusieurs canaux en pierre de taille aménagés aux XVIIIe et XIXe siècles. Ces canaux magnifiques étaient à ciel ouvert jusque vers 2002, lorsqu’ils furent recouverts et transformés en rivières sous-terraines (par la municipalité de Port Louis, par la société Rogers etc). Ainsi cachés de la vue, ces canaux indispensables à l’évacuation des eaux de pluie « n’existaient plus ». Il ne restait qu’à les détruire tout à fait, ce qui était en train d’être fait: afin de construire cette troisième voie, des caterpillars ont travaillé depuis le début de l’année à les boucher avec du remplissage (voir: Le “remplissage”, une bombe écologique pour Maurice)
ET MAINTENANT?
– L’etat prendra t-il ses responsabilités? Rien n’est moins sûr quand on sait que le premier ministre attribue officiellement le drame du 30 mars au « changement climatique », un mensonge mais surtout une insulte à la mémoire des disparus.
– Les Mauriciens changeront-ils leur comportement? Passé l’élan de solidarité de ces derniers jours,  notre maitre à tous, l’argent, redeviendra le plus fort. Le Mauricien continuera à vouloir toujours plus de béton, partout, et ne manquera pas de balancer le « remplissage » issu de ses travaux là où c’est le plus facile.
VOIR NOTRE ARTICLE DE FEVRIER 2012 QUI DENONCAIT CETTE PRATIQUE: Le “remplissage”, une bombe écologique pour Maurice

avant
après: remplissage en cours

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N.B.   Nous rappelons à nos lecteurs le lien de nos amis mauriciens : « Maurice, derrière la carte postale » ,qui dénonce régulièrement le peu de cas qui est fait du patrimoine naturel et historique de notre île sœur. De plus en plus les richesses de notre voisine  – mais La Réunion n’est pas en reste – sont galvaudées au profit de promoteurs qui ne pensent qu’au « fric » et Maurice tend à devenir un « gobe », un piège  à touristes où plus rien n’est authentique.

Vous qui aimez l’île Maurice et sa population, nous vous engageons à aller sur le site de nos amis mauriciens et à faire part aux lecteurs du blog « Maurice, derrière la carte postale » de vos sentiments et de votre réaction.

 Merci à tous !

DPR974

La « nouvelle » Route Cotiere de Mon Choisy 
qui remplace une partie de l’ancienne
Encore une plage publique qui est de moins en moins publique. Apres Bel Ombre, St Felix, Trou aux Biches, le phénomène des « déviations de routes côtières » a fait une nouvelle victime: la plage la plus fréquentée de l’ile, Mon Choisy.
POURQUOI?
Parce qu’un hôtel bon marché, le « Tarissa – Lookea », longère en béton d’une centaine de mètres sur quatre niveaux, ne voulait plus être séparée de la plage dont elle était coupée par la route côtière de Mon Choisy.
Le propriétaire, « proche du pouvoir » comme on dit à Maurice, a obtenu gain de cause.
COMMENT?
En construisant une route parallèle qui contourne l’hotel. Pour ce faire, une cinquantaine de flamboyants centenaires ont été abattu à la tronçonneuse. (delonix regia, le plus bel arbre sub-tropical). Voir: Le baobab du musée, c’est fini et Sur un air de flamboyant
Et, bien sûr, cette nouvelle route mal conçue passe au ras des premiers immeubles déjà construits, sans norme architecturale, sur trois niveaux, et en béton. Impossible de planter quoi que ce soir le long de l’asphalte. Où sont les arbres et les plantes ornementales de chaque coté de cette nouvelle route qui pourraient atténuer cette aberration? Dans nos rêves les plus fous.
MAIS AUSSI:
Mon Choisy, ou comment transformer en quelques mois une forêt en ville: Une nouvelle ville plus grande que Monaco à l’empl…. Petite consolation, la plage ne sera pas creusée afin de créer une marina (de l’autre côté de la route, et enjambée par un pont géant) comme le prévoyait le plan initial…

Une page Facebook entend protester contre ce nouvel outrage contre Maurice: « likez-la », « sharez-la »! Le lien: Touche Pas à Mon Choisy

Une palissade cache les travaux entrepris par l’hôtel 
dans le terrain voisin de la plage publique
récemment acheté par ce dernier 
Derriere la palissade
Et juste à coté, la portion de plage publique convoitée par l’hôtel. 
Deja, sur ce bout de plage PUBLIQUE, un filet cache… la convoitise de l’hôtel voisin. 
L’hotel Tarissa-Lookea, l’avenir de l’hotellerie mauricienne
« Immeubles » sans norme et sans style le long de la « nouvelle route côtière ». 
Le goudron frôle les bâtiments, impossible de planter des arbres pour les cacher. 
Mais c’est vrai: si on a abattu une cinquantaine de flamboyants centenaires pour construire la route, 
ce n’était pas pour s’embêter à en planter d’autres par la suite.


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Combien de fois avons nous bénéficié de l’hospitalité mauricienne? Combien de fois avons nous profité avec les enfants des joies de la plage ? Combien de fois avons nous découvert une histoire parallèle à la nôtre et un patrimoine architectural bien plus riche que celui de notre île ? Combien de fois avons nous découvert un Monde si proche et si différent à la fois, si divers dans sa culture et dans ses langues ?
Depuis quelques années cependant notre joie n’était plus sans mélange…Nous avons découvert en effet que la nature et le patrimoine architectural mauriciens étaient bien mis à mal, qu’on détruisait des constructions marquées par l’histoire, à Port-Louis et ailleurs, pour élever des blockhaus de béton et d’acier, qu’on comblait des lits de rivières, transformait des mangroves en marinas, privatisait les plages, multipliait les hôtels cachés derrière de hautes palissades, vendait l’île par morceaux aux promoteurs et aux riches retraités venus d’ailleurs.
Nous nous désolions de cet état de fait et nous nous demandions quand les Mauriciens allaient réagir.Un jour nous sommes tombés sur le site« mauricederrierelacartepostale » qui montrait, preuves à l’appui, comment l’île Maurice courait à la catastrophe …Depuis quelques jours ce site n’est plus le seul à dénoncer ce qui s’apparente à un scandale. Suite à une étude de la Mauritius Tourism Promotion Authority révélant que Maurice n’était plus « perçue comme une destination exclusive et qu’elle est peu préservée » l’Agence France-Presse a donné la parole à des citoyens mauriciens et le journal l’Express s’en est fait l’écho…
A lire ce que disent ces Médias on prend conscience que si les décideurs ne se rendent pas compte de la dérive dans laquelle Maurice est engagée et ne réfléchissent pas à de nouvelles orientations en matière de tourisme (concernant en particulier le respect de la nature et la protection du patrimoine) il y a fort à parier qu’ils risquent de tuer ce qu’ils considèrent comme une véritable poule aux œufs d’or.

DPR974

A consulter d’urgence le blog :Maurice, derrière la carte postale qui vient de publier deux articles révélateurs :

Agence France Presse: un regard critique sur Maurice

et
-Tourisme : Maurice c’ ( était ) un plaisir

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Les Salines Pilot, 2012
Emplacement du futur Ritz Carlton (20 hectares dont 350 mètres de plage)
dont les travaux devraient commencer en juin 2012 si rien n’est fait avant
9 autres « resorts » suivront ainsi que des centaines de maisons IRS

La nature sauvage de Rivière Noire est en train d’être détruite à coups de centaines de millions d’euro.
Les paysages de la Rivière Noire sont demeurés intacts depuis l’installation de l’homme à l’Isle de France voilà 297 ans. Il aura suffit de quelques années seulement pour les détruire à jamais. Des centaines d’hectares ont déjà fait les frais de cette folie de construction du gouvernement mauricien et des promoteurs locaux et étrangers.
La beauté authentique de l’embouchure de la Rivière Noire et de la Rivière du Rempart ainsi que les abords des Gorges ont déjà disparu sous les aménagements à grande échelle de Tamarina, de la Balise Marina, d’Akasha, de Matala et du Beach Club (tiens, les promoteurs étaient à court de noms en « a »…). Des centaines d’hectares de bois et champs ont déjà disparu. Cela à grand renfort de dragage du lagon, de bétonnage des berges de rivière, de modification du tracé du lagon.
Combien de destruction de ses plus beaux paysages Maurice peut-elle encore tolérer ? « Beaucoup beaucoup» répondent en chœur les promoteurs et le gouvernement qui octroie permis de développement après permis de développement. Ce qui est certain, c’est que si rien n’est fait le plus gros des transformations est encore à venir : des dizaines d’ « IRS » ont déjà été approuvés.
Aujourd’hui, il y a la paisible péninsule des Salines Pilot : des centaines d’hectares de savane et de plages désertes.
Demain, il y aura :
–        10 (DIX !!) hôtels le long de plages aujourd’hui désertes
–        des marinas
–        des golfs
–        des milliers de maisons et appartements pour étrangers
(Exemples : Domaine de l’Harmonie, Ritz Carlton etc)
Aujourd’hui, Case Noyale ce sont de vertes montagnes boisées habitées par les cerfs de java et les cochons marrons.
Demain, ce sera :
–        des centaines de maisons pour étrangers
–        plusieurs hôtels
(Exemples : ex-Corniche Bay, Black River Lodge etc)
Les alentours de Rivière Noire ne sont pas épargnés. Voir par exemple ce qui se passe à la Baie du Cap :
Liste non exhaustive des projets qui vont bouleverser l’île:
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A l’aéroport de Plaisance, de gros panneaux indiquent : « Welcome to Paradise Island ».
Mais l’île Maurice n’est plus le petit paradis authentique qu’elle était pour les Mauriciens jusque dans les années 80.
Elle est devenue un paradis artificiel pour étrangers dont sont exclus les Mauriciens.
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3 photos ci-dessus: les Slaines Pilot, Rivière Noire

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Destruction du chassé de la Petite Rivière Noire
Le chassé de la Petite Rivière Noire disparaît,
 il va être transformé en hôtel et maisons IRS
Voici (ENCORE) un « IRS » qui supplante la nature:
Le chassé de la Petite Rivière Noire disparaît. Une fois transformé en enclave « IRS », il s’appelera Little Black River Lodges. Ainsi en ont décidé les propriétaires mauriciens du terrain.
Little Black River Lodges couvrira une superficie de 75 hectares : à la place de la forêt, on va construire :
–        93 « villas »
–        1 hôtel
–        1 spa
–        1 parcours de santé
–        des bâtiments sportifs.
Chaque « villa » fera entre 350 et 400 mètres carrés.
L’investissement (qui comprend les travaux d’infrastructures, eau, électricité, routes, bâtiments) se chiffre à environ 4 milliards de roupies (plus de 100 millions d’EURO) Les travaux dureront trois ans.
Les futurs acheteurs viennent d’Asie, d’Europe et d’Afrique du Sud. Pas de Maurice.
Des dizaines et des dizaines et des dizaines de méga-projets d’enclaves étrangères (IRS et RES) ont déjà été approuvés par le BOI:
http://mauricederrierelacartepostale.blogspot.com/2012/02/acceleration-du-developpement.html
  
Le chassé de la Petite Rivière Noire en 2009,
avant le béton et l’asphalte.
CHASSE
A Maurice, les chasses sont appelés « chassés ». Il s’agit de vastes espaces naturels théoriquement inconstructibles couvrant souvent des centaines d’hectares de bois et savanes, de montagnes et de vallées. Les cerfs et les cochons-marrons, les oiseaux et les chauves souris, les macques et les reptiles indigènes y côtoient le chasseur. Deux mois par an seulement, en hiver, ce dernier vient limiter les hordes de cerfs de java. Les règles régissant la chasse sont strictes, l’age du gibier est contrôlé et il existe un quota à respecter. Le reste de l’année, les chasses forment les paisibles poumons verts de Maurice. Mais pour combien de temps ?
IRS
Depuis la loi de 2006 autorisant la construction d’hôtels, maisons et appartements pour non-mauriciens, sur n’importe quel type de terrain et n’importe ou sur l’île, le vert recule vitesse grand V. De hauts murs se multiplient qui cachent du regard ces enclos pour riches étrangers. A un rythme inconnu avant 2006, l’état mauricien, à travers le Board of Investment (BOI), autorise tout et n’importe quoi. Les terrains agricoles, les pâtures et les forêts se changent en « IRS » en un claquement de doigt : c’était une plage publique, un champ de canne a sucre, une chasse? Ca devient une enclave pour ultra-riche en terre mauricienne.
NEO-COLONIALISME
Adieu forêts, savanes : bienvenue a IRS Land. Ou comment, quarante ans après son indépendance, l’île Maurice est colonisée à nouveau par une armée de maisons, appartements, centres commerciaux et hôtels en béton en lieu et place de nos plages et forêts. Les riches étrangers achètent, et le cœur de Maurice ne bat plus comme avant.
Le chassé de la Petite Rivière Noire en 2009
2012. C’est la curée. Propriétaires et promoteurs sont sur les rangs. Il faut développer, tout développer, construire, vite, maintenant, ériger des murailles, dévier des routes, bétonner les plages, vendre surtout, vendre toujours plus aux étrangers qui, inconscients de ce manège anti-mauricien, pensent avoir trouvé dans notre île leur paradis rêvé.
Mais le paradis n’existe pas. Plus à Maurice en tous cas.

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Naguère ou plutôt jadis, car cela remonte à la fin du 20ème siècle, les Réunionnais qui allaient en « changement d’air » à Maurice, ne manquaient pas de faire un détour par l’île aux cerfs. C’était comme l’on dit en franglais, un « must ».

On parvenait, après avoir traversé champs de cannes et de pieds de papayes, à un embarcadère rustique.  Une barque aux dimensions modestes attendait les passagers pour les mener sur l’île. L’ensemble était proche de la nature ; il y avait-il encore des cerfs ? Dans ma mémoire  l’image se brouille comme en un fondu enchaîné …Par contre je me souviens clairement qu’on débarquait  sur la droite de la plage aux filaos. Puis on s’engageait dans un sentier bordé d’un muret de pierres sèches derrière lequel d’énormes tortues (venant des îles Aldabra,  sans doute) broutaient paisiblement les raquettes (1) qui poussaient aux alentours…On descendait ensuite sur la plage et les plus audacieux traversaient à la nage le bras de mer qui séparait l’île aux cerfs de l’îlot Mangénie pour aller, tels de modernes Robinsons, à la découverte d’une terre inconnue… le rêve rejoignait la réalité !

L’ île Maurice vue du catamaran (Coll. privée)

En 2011 l’idée nous prit de refaire le pèlerinage de l’île aux cerfs, cette fois au départ d’un hôtel de Mahébourg. Un catamaran flambant neuf nous fit découvrir l’immense baie du Vieux Grand-Port qui fut le théâtre d’une bataille mémorable : ce fut la fois, la seule sans doute, où la flotte française l’emporta sur les Britanniques. La mer jouait sur tous les tons du vert et du bleu ; au large des îlots fermant la baie pouvaient attirer l’attention, mais nous étions surtout captivés par le magnifique cadre de montagnes à l’arrière-plan dont les formes et les couleurs changeaient insensiblement à mesure que l’on s’éloignait.

Ce qu’il est advenu du bras de mer (Copyright julieprevot.com)

Nous arrivâmes sans encombre à notre destination ; mais autant la traversée en bateau avait été belle, autant nous allâmes sur l’île aux cerfs de déconvenue en désenchantement : les temps avaient bien changé.  Où donc était passé le bras de mer entre les deux îles ? Ce n’était plus qu’un no mans land de sable grisâtre à traverser à pied sec. Plus trace de cerfs, plus de tortues géantes derrière les murets aux cactus ; pas le moindre quadrupède…Par contre des bipèdes partout et en grand nombre … Sous les filaos une myriade de touristes en file indienne serpentait lentement, une assiette à la main, pour recevoir, dans une atmosphère enfumée, la nourriture qu’on leur destinait. Légèrement en retrait, une kyrielle de personnes attendaient  pour avoir accès aux toilettes. Un peu plus loin encore des dizaines et des dizaines d’autres se pressaient dans une longue boutique de souvenirs où l’on trouvait à se délester rapidement de ses économies…Dans ce qui avait été autrefois une île paradisiaque, le tourisme de masse (2) avait fait  irruption…

Comme il y avait foule et qu’il faisait fort chaud nous décidâmes de rechercher un peu de fraîcheur et de solitude sur l’îlot Mangénie. Il y avait là, certes, un peu plus de place, mais nous étions à peine assis qu’une grosse barcasse toucha terre à quelques mètres de nous avec toute une flopée de touristes chinois ; quelques minutes plus tard, une autre barcasse déposa son chargement de Réunionnais, suivie par une autre embarcation avec une trâlée de touristes d’une autre partie du monde. Tous se dirigeaient, au pas de charge, vers les lieux où l’on pouvait se restaurer, se soulager et acheter des souvenirs.
Est-ce ainsi me demandais-je que l’on découvre un pays ? Est-ce comme cela qu’on accueille ses visiteurs ? Cette île est-elle vraiment la terre promise des dépliants touristiques ?…

Pour moi  le Paradis s’est évanoui, l’île aux cerfs n’existe plus : son charme, son côté terre du bout du monde, sa nature, sont entrain de disparaître, que dis-je ?ont déjà disparu et je ne vois plus du tout l’intérêt d’aller la visiter. (3)

DPR974

 

1)   raquettes= Cactus

2)   Nos voisins sont assez habiles pour organiser à peu de distance l’un de l’autre, un tourisme de masse et un tourisme pour les fortunés de cette terre : à côté de cette organisation pour le commun des mortels, se trouve en effet un golf 18 trous, haut de gamme, à l’abri du vulgaire, occupant plus du tiers de la superficie de l’île. Mais qu’il s’agisse d’un tourisme haut ou bas de gamme, la nature est mise à mal, comme on a pu le lire dans l’article récent de nos amis Mauriciens  du blog « mauricederrierelacartepostale », intitulé : « à Maurice la nature finit par dire non à tous les excès . Mais pas les hommes.… »

 

3)   Si vous vous rendez sur internet pour avoir des informations sur l’île aux cerfs vous aurez jusqu’à plus soif des descriptions dithyrambiques du paradis, de l’Eden de l’Océan Indien et de son eau bleu turquoise…Ici où là quelques mauvais coucheurs comme dpr974 pointent le bout de l’oreille ou la pointe du stylo ; ainsi le guide du routard parle d’une île « surpeuplée et tendance » ; une autre présentation de l’île parle d’une « ribambelle de sociétés proposant les mêmes prestations touristiques », véritables « usines à touristes ; il faut partir à l’heure, se baigner à l’heure, manger à l’heure. »

4)   Nous savions déjà comment nombre de bâtiments patrimoniaux succombent à Maurice devant l’appétit des promoteurs (Ce n’est guère mieux à La Réunion !)…Ici nous voyons également comment la nature fait les frais de l’appât du gain. Par la course au « développement »  (!) , par la volonté de « faire » de l’argent à tout prix et le plus vite possible, Maurice ne serait-elle pas entrain de tuer la poule aux œufs d’or ?

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