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Archive for 6 septembre 2014


Quand je me balade dans le sud sauvage, je ne peux m’empêcher de penser à la chanson de Nino Ferrer :

On dirait le sud
Le temps dure longtemps
Et la vie sûrement
Plus d’un million d’années
Et toujours en été…

Le sud n’en finira jamais de nous ensorceler, il y a toujours quelque chose à découvrir. J’ai ainsi, dimanche dernier, fait la découverte d’un trésor géologique et touristique de la Réunion, le Cap Jaune. lorsque, venant de Saint-Pierre, vous avez traversé, avec encombre, Saint-Joseph, la capitale du sud sauvage, vous poursuivez votre route sur la nationale 2 en direction de Saint-Philippe. A la hauteur de l’embranchement de la départementale 34 qui grimpe vers Parc-à-Moutons et la cascade de Grand galet, vous bifurquez sur la droite, en direction de la mer. Au bout de deux kilomètres vous êtes accueilli par une superbe allée de pandanus, autrement dit de vacoas, dont les feuilles sont réputées pour couper « de trois côtés ». Au bout de l’allée de pandanus, vous arrivez à la marine de Vincendo. C’est de là que partaient les pêcheurs dans leurs canots en bois, sous l’oeil protecteur de la statue de la Vierge Marie. C’est aujourd’hui une aire de pique-nique très fréquentée le week-end. Mais attention, la baignade y est particulièrement dangereuse.

 

route sous les vacoas

route sous les vacoas

On accède au site du Cap Jaune par un sentier qui prend naissance en face d’un restaurant. Bien tracé et bien entretenu par le Pays d’accueil du sud sauvage (le PASS) il est accessible à tous. On longe la côte et le sentier est balisé par des points de peinture blanche. Le trajet prend environ une demi-heure, un peu plus si vous vous arrêtez pour admirer et photographier le spectacle de la nature : la mer, les minéraux, les plantes, les oiseaux et même les baleines.
La marine de Vincendo est, à juste titre, un site naturel protégé, géré par le Conservatoire du littoral, sous l’égide du Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie. Elle est classée en zone naturelle d’intérêt écologique faunistique et floristique (ZNIEFF). Sur le site ont été répertoriées 39 espèces végétales dont 22 sont indigènes, notamment le bois d’ortie (1), la lavangère (2) et la saliette (3).

le site naturel de Vincendo vaut le détour

le site naturel de Vincendo vaut le détour

Avec un peu de chance vous pourrez aussi observer certains oiseaux protégés par arrêté ministériel tels le paille-en-queue (4), la papangue (5), le « zoiseau blanc » (6) et la tourterelle malgache (7). Le Conservatoire du littoral a d’ailleurs implanté un panneau pour l’information des promeneurs.

Au bout d’une demi-heure de marche, c’est le choc ! Le Cap jaune s’offre à vous, dans toute sa splendeur. Vous avez du mal à en croire vos yeux. Devant vous une falaise d’une cinquantaine de mètres de haut où le jaune contraste avec le sombre du sol volcanique et la végétation luxuriante. Sous vos pieds la mer vient se fracasser sur les galets. Quiconque se rapproche reste fasciné par toute une palette de tons chauds allant du jaune clair à l’orange, voire à la sanguine. Un sentier acrobatique permet de descendre au fond de la crique.

le Cap jaune!

le Cap jaune!

D’où vient ce phénomène géologique? Il faut se souvenir qu’à La Réunion il y a deux sortes de manifestations volcaniques, la manifestation effusive classique ( coulées) que tout le monde connaît et la manifestation explosive beaucoup moins connue et qui a donné naissance, en particulier, au Cap Jaune. Dans ce cas le gaz est tellement puissant qu’il pulvérise le magma dans l’atmosphère ; les miettes se refroidissent et retombent au sol en une accumulation de pyroplastites (roches éclatées par le feu). La couleur jaune si caractéristique est due essentiellement à la présence de soufre.

un trésor de notre patrimoine

un trésor de notre patrimoine

C’est ainsi que s’est formé le Cap Jaune, trésor de notre patrimoine géologique et touristique. Cette portion du littoral, relativement peu connue, a été préservée naturellement au cours des siècles passés. Faisons le vœu qu’elle le demeure encore plus d’un million d’années.

Jean-Claude Legros.
(1) Bois d’ortie : plante urticante, nourricière du papillon « salamis augustina ».
(2) Lavangère : plante grasse herbacée vivant sur les rochers de basalte.
(3) Saliette : salière ou « zerbe salé », nourrie en sel par les embruns.
(4) Paille-en-queue : phaeton lepturus (à l’origine « paille-en-cul »). Bien que composé de deux noms féminins, le substantif paille-en-queue est du genre masculin.
(5) Papangue : substantif féminin, ainsi qu’en attestent les auteurs réunionnais. La papangue, ou buse de Maillard, est le seul rapace de la Réunion.
(6) Zoiseau blanc : aussi appelé Bec fin.
(7) Tourterelle malgache : ramier de la famille des columbidés.

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