(Épisodes 5 et 6).
Au cours des épisodes précédents nous avons vu que Laramée avait, lui aussi, voulu faire des miracles en venant au secours de planteurs de mapinm dont la récolte était compromise par le mauvais temps. Il avait piteusement échoué et si le Bon Dieu n’était pas intervenu, il serait parti ad patres.
La leçon n’avait pas réellement servi et, malgré les promesses faites au Bon Dieu, Laramée s’était lancé ensuite dans une opération délicate qui consistait à redonner vigueur et santé à un moribond. Là encore, le Bon Dieu qui manifeste décidément une grande faiblesse à l’égard de Laramée, lui avait sauvé la mise et le vie.(Résumé Dpr974).
Il arrive un moment où le Bon Dieu est fatigué de voir Laramée, son ex-compagnon de route, faire des couillonnades à répétition et se met en tête de trouver une solution à ce problème (…) Il décide donc de descendre à nouveau sur terre et de rendre visite à Laramée.
La scène se déroule tard le soir, après que le Bon Dieu ait terminé sa journée de travail au paradis. À l’improviste Il débarque chez Laramée qui sursaute et lui dit : « Vous m’avez fait peur ! ». Dieu lui rétorque alors : « Pourquoi sursautes – tu ? Tu sais bien que je ne te veux pas de mal. Bien au contraire ! Je ne veux que ton bien. La preuve en est que je t’ai apporté trois cadeaux ! »
Laramée se réjouit ; comme nous tous il aime les cadeaux : un petit cadeau, il n’y a rien de mieux pour entretenir l’amitié. Et trois cadeaux, ce n’est plus de l’amour. C’est de la rage ! C’est de la gentillesse, à la puissance 5.
Le Bon Dieu rassure Laramée et lui dit ; « Si je te fais ces cadeaux, c‘est pour que tu arrêtes de faire des bêtises, car si jamais tu ne te calmais pas, je peux t’assurer que, dès lors, je me soucierais de toi comme d’une guigne. »
Laramée se met à rire intérieurement, car il connaît le Bon Dieu depuis très longtemps et selon ses dires, de même que le lièvre connaît parfaitement les herbes qui lui conviennent, lui, Laramée, ne connaît que trop bien le Bon Dieu et ses faiblesses !
Kriké monsieur, kraké madame. La rafle de maïs coule à pic et la pierre flotte !
Le Bon Dieu dit alors à Laramée : « Voici trois cadeaux pour toi ! D’abord un violon ; tous ceux qui entendront la musique qui sort de ton violon, se mettront à danser. Et voici un fusil : tous les oiseaux qui entendront le bruit de sa détonation, tomberont raides morts. Et voici enfin un sac : tout ce que tu voudras, ira directement dans ton sac qui sera aussitôt bien attaché.»
Laramée observe ces cadeaux et se demande ce qu’il va en faire. Finalement, cela lui pose problème. Ne serait-ce pas un piège ? Comment s’assurer que cela va fonctionner ? Et si ça fonctionne, sera-ce pour son bien ou non ? On sait tous que Laramée est un vieux soldat et qu’il flaire partout le piège qu’on lui tend, alors même qu’il n’y en a pas.Il prendra ensuite tous les risques possibles et va peut-être encore appeler le Bon Dieu à son secours.
(…) Laramée se remet ensuite en route : il marche, marche encore, marche toujours, décidé à se rendre dans tous les pays, afin de les visiter et de mettre un terme à son ennui. Il pense qu’avec les cadeaux que le Bon Dieu lui a faits, il arrivera sans problème à gagner sa subsistance.
Kriké monsieur, kraké madame, la clé dans ma poche, la crotte dans votre sac ! Le sixième épisode est terminé, le septième ne saurait tarder !
Texte en créole réunionnais de Georges Gauvin.
Traduction française de Dpr974.
Illustration : Huguette Payet.
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